En février dernier, c’est Shiseido qui a été le premier des géants asiatiques de la cosmétique à faire part de sa volonté d’éliminer les tests sur les animaux, conformément à l’interdiction européenne. « En aucun cas Shiseido ne teste pas ses produits cosmétiques sur les animaux. En ce qui concerne les ingrédients cosmétiques, nous ne menons pas d’expérimentation animale sauf dans des cas exceptionnels où cela est requis par la loi ou si il n’y a absolument aucune méthode alternative (...). L’objectif de Shiseido est d’éliminer l’expérimentation animale pour les cosmétiques, en travaillant à assurer rigoureusement la sécurité des produits cosmétiques, afin que nos clients se sentent en pleine sécurité en les utilisant, tout en apportant le plus grand soin à la protection des animaux. Shiseido s’efforce activement de supprimer toute expérimentation animale en conformité avec la réglementation de l’UE, » explique l’entreprise.
Quelques semaines plus tard, Amore Pacific, le concurrent coréen de Shiseido, faisait une annonce similaire. « Amore Pacific répond aux souhaits de ses clients, » expliquait la société. « Nous attendons avec impatience le moment où un accord mondial mettre fin à toute expérimentation animale pour les cosmétiques, » précisait-elle.
Pressions de l’industrie et des ONG
De ce point de vue, l’attitude des leaders de l’industrie a fortement évolué. Maintenant que l’interdiction totale des tests est en vigueur en Europe, le maintien par la Chine de l’obligation de tester sur les animaux est vue à la fois comme une contrainte inutile et comme une barrière à l’entrée sur le marché. En plus de représenter un risque en termes d’image des marques. Plusieurs sociétés ont ainsi refusé de commercialiser leurs produits en Chine tant qu’il ne serait pas possible de le faire sans tester sur les animaux.
« Traditionnellement, les associations de protection des animaux et l’industrie se sont opposées au cours du débat sur la réglementation cosmétique. Cependant, dans le cadre de la consultation de la FDA chinoise, actuellement en cours, nos homologues de Cruelty Free International ont opté pour une approche nouvelle consistant à soumettre leurs propositions conjointement avec de grandes entreprises européennes soucieuses de mettre un terme à l’obligation de tester sur animaux en Chine, » remarque Cruelty Free International dans un communiqué.
C’est ainsi que des entreprises telles que The Body Shop, L’Occitane, Montagne Jeunesse et Marks and Spencer, se sont associées aux protecteurs des animaux pour tenter de faire évoluer la réglementation chinoise.
Changements au sein des gouvernements
Ces pressions semblent peu à peu produire des effets. Les autorités chinoises qui, encore récemment, étaient peu sensibles à cette question, ont à plusieurs reprises fait part de leur non-opposition de principe à une évolution réglementaire.
Après avoir commencé à reconnaître certaines méthodes alternatives, les autorités chinoises ont récemment annoncé que la réforme de la réglementation des cosmétiques aborderait cette question.
Les autorités chinoises ont invité l’industrie et les autres parties intéressées à leur adresser leurs commentaires en vue d’une révision de la réglementation des cosmétiques, de nouvelles propositions étant attendues d’ici la fin de l’année. La Chine ne s’engage pas en faveur des alternatives, mais les protecteurs des animaux considèrent que c’est l’occasion de faire pression en vue d’une évolution positive. « C’est le premier réexamen de la réglementation chinoise dans ce secteur depuis un quart de siècle et nous sommes impatients de saisir cette occasion, » affirme Michelle Thew, directrice générale de Cruelty Free internationale.
MIEUX COMPRENDRE LA RÉGLEMENTATION CHINOISE Pour mieux comprendre la réglementation chinoise sur l’importation des produits cosmétiques, SEYCO (Sino-European Yihong Consulting Ltd.), en partenariat avec PremiumBeautyNews.com, met à votre disposition une compilation entièrement bilingue (anglais-chinois) de la réglementation de l’enregistrement des cosmétiques en Chine. Voir ici. |
La Humane Society International a également confirmé récemment que la Corée s’apprête à créer son premier centre national d’excellence pour le développement et la validation de méthodes alternatives aux tests sur animaux.
Avec 166 milliards de Wons coréens (145 millions de dollars US) alloués au projet, le centre devrait être achevé d’ici 2016. Il mettra l’accent sur de nouveaux développements en matière d’approches microbiologiques, cellulaires, tissulaires et in silico susceptibles de remplacer, réduire ou améliorer l’utilisation des tests sur animaux.
Ce changement d’attitude de la part des autorités asiatiques n’est pas seulement l’expression d’un subit et nouveau souci du bien-être animal. Il s’agit aussi de garantir la compétitivité de leurs industries face aux évolutions réglementaires en Europe, qu’il s’agisse de la réglementation des cosmétiques ou de REACH.