Le géant du luxe Richemont, propriétaire de la maison de joaillerie Cartier, a rassuré mardi les investisseurs grâce à ses ventes de bijoux au premier trimestre en dépit d’une chute de la demande en Chine.

Le groupe genevois, qui publie ses résultats sur une base décalée, a fait état d’un repli de 1% de son chiffre d’affaires au premier trimestre, qui s’étale entre début avril et fin juin, à 5,3 milliards d’euros. Hors effets de changes, ses ventes ont progressé de 1%, indique-t-il dans un communiqué.

Demande en berne en Chine

Ses ventes dans la zone Asie-Pacifique (hors Japon) se sont contractées de 18% en monnaies locales, tirées vers le bas par une chute de 27% en Chine, Hong Kong et Macao, reflétant « le faible niveau de confiance des consommateurs », reconnaît-il dans le communiqué. La base de comparaison était élevée, a-t-il néanmoins rappelé, puisque son chiffre d’affaires en Asie hors Japon avait bondi de 40% à la même période l’an passé.

« Cela confirme une demande sans éclat en Chine continentale », a réagi Luca Solca, analyste chez Bernstein, dans un commentaire boursier, tout en notant que la joaillerie, qui « produit le gros des bénéfices de Richemont », s’en sort bien.

La joaillerie tire les ventes

Les ventes dans la joaillerie ont grimpé de 4% en monnaies locales et de 2% une fois converties en euros, à 3,65 milliards d’euros, dépassant légèrement les prévisions des analystes interrogés par l’agence suisse AWP. Ils les attendaient en moyenne à 3,63 milliards d’euros.

Les ventes de sa division horlogère - qui compte huit marques, dont Piaget, IWC et Jaeger-LeCoultre - ont davantage pâti de la baisse de la demande en Chine et sont, elles, inférieures aux prévisions. Elles ont chuté de 13% en monnaies locales et 14% en euros, à 911 millions d’euros, contre 986 millions attendu.

Au Japon, que Richemont comptabilise séparément du reste de l’Asie, ses ventes ont bondi de 59% en monnaies locales, dopées par les dépenses des touristes « Chinois, Sud-coréens, d’Asie du Sud-Est et Américains » qui mettent à profit la faiblesse du yen, a détaillé le groupe dans le communiqué.

Ses ventes ont également augmenté de 5% en Europe et 10% sur le continent américain.

Selon les analystes de RBC Capital Markets, ces chiffres de Richemont mettent en lumière une « accélération des signes de divergence par marque et catégorie » de produits dans le secteur du luxe.

Le luxe à la peine

Cette salve de chiffres est toutefois « rassurante », considère Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, « compte tenu du choc de Burberry et Swatch Group hier ». En effet, lundi, le groupe horloger Swatch (propriétaire entre autres de Tissot, Longines et Omega) a fait état d’une chute de 14,3% de son chiffre d’affaires et de 70,5% de son bénéfice net, évoquant une demande qui a « massivement » baissé en Chine. Le groupe britannique Burberry, connu pour ses trench-coats, a de son côté annoncé le remplacement de son directeur général, Jonathan Akeroyd, après de nouvelles performances décevantes. Son chiffre d’affaires trimestriel s’est contracté de 22%.

Le secteur du luxe pâtit du ralentissement de la croissance en Chine, de la crise de l’immobilier et du chômage des jeunes qui minent la consommation. Durant les trois premiers mois de 2024, certaines entreprises du secteur étaient parvenues à faire croître leur chiffre d’affaires, à l’image de Prada et Hermès, alors que d’autres subissaient déjà les effets du ralentissement de la demande en Chine.

En ce qui concerne Richemont, « L’Asie Pacifique est pire qu’anticipé », soupèse Jon Cox analyste chez Kepler Cheuvreux, mais les ventes à l’échelle du groupe sont meilleures que ce qui « se murmurait après les chiffres de Swatch Group et Burberry », a-t-il déclaré à l’AFP.

De plus, la clientèle chinoise continue « d’acheter lorsqu’elle voyage comme le montre la forte croissance au Japon grâce au tourisme », ajoute-t-il.

Au dernier trimestre de l’année dernière, Richemont, à l’instar d’autres géants du luxe, a annoncé la a annoncé la création d’une division dédiée au parfum et à la beauté, toutefois, celle-ci n’apparait pas encore en tant que telle dans les comptes du groupe.