Cette première édition a rassemblé près de 850 visiteurs, malgré la faible présence des marques locales. Ces trois jours avaient pour objectif de mettre en lumière les marques et initiatives locales. L’événement a également été rythmé par des conférences sur les thèmes de l’entreprenariat en Afrique de l’Ouest dans le secteur cosmétique, de l’identité africaine sur un secteur hautement compétitif, du fléau que représente la dépigmentation volontaire de la peau et de l’aubaine que représente le phénomène du retour au naturel.
Besoin de professionnalisation
De façon symptomatique, force est de constater que les métiers liés à l’esthétisme, tout comme ceux liés à la mode, sont sous-considérés en Afrique de l’Ouest, laissés, la plupart du temps, à ceux qui n’ont pas fait d’études. Le manque de formation aux métiers de cosmétologues, de dermatologues et d’esthéticiennes explique le faible niveau de professionnalisation de la filière. Beaucoup s’improvisent revendeurs de produits cosmétiques sur un positionnement de mass ; et peu s’aventurent dans la conception et la fabrication des produits avec la maîtrise de la supply chain.
Le manque de chiffres et de visibilité sur ce secteur d’activité freinent l’arrivée des marques étrangères ; ce qui à la fois ne participe pas à la premiumisation de l’offre ni au développement de la complexité de la demande. Pourtant, avec 35 nuances de noirs et 1milliard d’individus, le potentiel d’affaires est grand.
La marque GLAM, découverte du salon, dédiée au maquillage des peaux foncées avec des visuels très esthétiques portés par leur égérie Awa Sanoko, mannequin très remarqué sur les derniers podiums africains ; a d’ailleurs clairement compris l’enjeu de cet immense marché allant de l’Afrique aux frontières du monde tant les peaux brunes sont dispersées.
Des marchés complexes
L’Afrique, c’est 54 états mais une structuration de marché qui ne laisse pas la part belle aux marques africaines. La faible présence de marques locales made in Africa témoigne d’un secteur jusque là trusté, depuis des années, par des marques indiennes ou libanaises, qui se fondent littéralement dans le paysage auprès des nombreux instituts de beauté et salons de coiffure.
Ainsi, se dégage de façon dichotomique :
– D’un côté dans sa forme la plus répandue : une économie informelle sur les étales de marché et autres circuits peu contrôlés comme les esthéticiennes ambulantes pratiquant des prix fixés à la tête du client où se côtoient sous une chaleur cuisante : des produits de cosmétique naturels fait maison aux côtés de produits de mauvaises qualités, frelatés, des contrefaçons et surtout des produits éclaircissants valorisant le teint clair des orientales et des indiennes.
– De l’autre côté dans une forme moins répandue : une économie formelle au positionnement de premium à luxe des marques françaises et américaines, soutenues par des boutiques multimarques ayant pignons sur rue, des boutiques en propre dans les centres commerciaux, une offre dans les supermarchés aux prix fixes et affichés.
Les dernières études de Metis Insight sont disponibles dans notre e-boutique : – Éthnocosmétique & sociologie de consommation de l’utilisateur beauté |