Le géant des cosmétiques L’Oréal a annoncé hier, mardi 30 juillet, un bénéfice net au premier semestre en hausse de 8,8% sur un an à 3,65 milliards d’euros et un chiffre d’affaires de 22,12 milliards d’euros (+7,5%) malgré un marché chinois « en retrait ».

« Notre fort rythme de croissance dans les marchés émergents, en Europe et en Amérique du Nord, compense largement un marché de la beauté en retrait en Chine continentale ainsi qu’un comparatif défavorable » des ventes du travel retail, indique Nicolas Hieronimus, le diecteur général du groupe, cité dans le communiqué.

Monter d’un cran en Chine

En Asie du Nord, les ventes de L’Oréal sont en recul de 3,1% au premier semestre sur un an à 5,47 milliards d’euros.

« Le marché de la beauté chinois, que l’on espérait voir repartir, a fait un premier trimestre en très légère croissance et a fait un deuxième trimestre négatif », a expliqué à l’AFP M. Hieronimus. « Dans notre estimation sur le reste de l’année, on considère que le marché chinois va rester légèrement négatif, que les consommateurs chinois sont en panne de confiance et font beaucoup plus attention à leurs dépenses », a-t-il ajouté.

Le directeur général du groupe indique toutefois rester ambitieux et positif en ce qui concerne la Chine. « Il y a 400 millions de consommateurs qui peuvent acheter nos produits et nous n’en vendons qu’à 100 millions de consommateurs ».

Pour atteindre cet objectif, Nicolas Hieronimus estime toutefois que L’Oréal doit monter d’un cran sur le marché chinois. « On ne peut plus être moyen », a-t-il dit, soulignant que la marque de cosmétiques de luxe Saint Laurent était en croissance à deux chiffres en Chine et que les boutiques Aesop marchent bien malgré la situation économique du pays.

Normalisation du marché

Les ventes en Amérique du Nord progressent de 8,7% sur un an au premier semestre à 5,8 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires en Europe atteint 7,28 milliards d’euros (+12,2%).

Les ventes en Amérique Latine font un bond de 15,8% à 1,68 milliard d’euros et celles de la zone "SAPMENA – SSA" (Asie du Sud, Pacifique, Moyen-Orient, Afrique du Nord et Afrique Subsaharienne) progressent de 14,3% à 1,88 milliard d’euros.

« Je suis content de ces performances. Sur un marché de la beauté qui malgré son ralentissement reste dynamique à environ 5,5% de croissance au premier semestre, nous progressons de 7,3% » (en données comparables, NDLR), a déclaré M. Hieronimus à une journaliste de l’AFP.

Par branche d’activité, toutes les divisions progressent. Les ventes de la branche grand public (Garnier, Maybeline, Mixa...) augmentent de 8,3% à 8,3 milliards d’euros.

Le chiffre d’affaires de la division luxe (Yves Saint Laurent, Lancôme, Prada...) atteint 7,57 milliards d’euros (+4%), celui de la beauté dermatologique (Vichy, La Roche-Posay...) 3,8 milliards d’euros (+15,5%) et celui des produits professionnels 2,42 milliards d’euros (+4,9%).

En juin, M. Hieronimus avait déjà estimé devant les investisseurs de JP Morgan que le marché mondial de la beauté serait un peu moins porteur que prévu à cause de la Chine et envisageait une croissance de 4,5% à 5% pour 2024 contre plus de 5% auparavant.

« Quand j’ai parlé de 4,5%, ce n’est jamais qu’une normalisation de ce marché qui revient à des taux de croissance pré-Covid », a-t-il expliqué à l’AFP. « Un marché en hausse de 4,5% avec une Chine négative, c’est super positif et très prometteur pour l’avenir », a-t-il estimé. « Avec une croissance entre 4 et 4,5%, le marché de la beauté, qui faisait 280 milliards d’euros en 2023, devrait atteindre 380 milliards d’euros en 2030. Il y a plein d’opportunités ».

Nicolas Hieronimus souligne qu’environ 4 milliards de personnes sur la planète peuvent acheter un produit L’Oréal, mais que le groupe estime en toucher 1,25 milliard. « On a beaucoup de potentiel, mon ambition est de toucher deux milliards de consommateurs dans la prochaine décennie ».

Pour mettre encore davantage les chances de son côté, L’Oréal a « orienté (son) plan stratégique avec de nouvelles cibles », notamment les hommes, selon son directeur général.