Après une levée de 7 millions de dollars [6,45 millions d’euros] en janvier 2024, Xampla poursuis l’élargissement de sa gamme de matériaux de nouvelle génération, commercialisés sous la marque Morro. Fabriqués à partir de protéines végétales, notamment de pois et de pommes de terre, ces matériaux permettent, grâce à une technologie brevetée, de créer des microcapsules, des enrobages, des films comestibles ou des films solubles, naturels et entièrement biodégradables, pour les industries de la beauté, des produits ménagers, de l’alimentation et des boissons. Les microcapsules Morro, en particulier, sont conçues pour remplacer l’encapsulation synthétique et éliminer l’utilisation de microplastiques.
« Cela pourrait vraiment changer la donne », indique Lynette Holland, scientifique principale chez Xampla.
« Il ne s’agit pas seulement de remplacer quelque chose qui existe déjà ; c’est une nouvelle opportunité, en particulier pour les marques qui tiennent énormément à ce que leur signature olfactive soit reconnue », explique-t-elle à Premium Beauty News.
« Effet de halo »
Selon elle, ces microcapsules d’origine végétale permettent aux formulateurs d’encapsuler une partie du parfum d’une formule donnée pour qu’il soit libéré lors de l’utilisation, libérant ainsi un puissant « bouquet ». Lorsqu’elle est utilisée dans une crème pour le visage ou le corps, un déodorant ou un après-shampooing, la microcapsule de parfum éclate lorsque l’utilisateur applique le produit sur son corps ou ses cheveux.
« Le parfum lui-même a un énorme effet de halo sur les performances d’un produit », explique Lynette Holland. « …Être capable de créer cette explosion parfumée contribue à la bonne perception globale d’un produit. C’est un atout pour la performance d’un produit, et cela change vraiment la donne. Et pouvoir obtenir ce résultat sans utiliser plastique et de façon biodégradable est gagnant-gagnant ».
Les microcapsules d’origine végétale et de l’offre Morro sont le résultat de plus de 15 ans de recherche scientifique sur les protéines et les biopolymères, dont une grande partie a été menée par le professeur Tuomas Knowles de l’Université de Cambridge. Au fil du temps, poursuit Lynette Holland, Xampla a développé ces microcapsules pour les utiliser avec une variété toujours plus large et complexe de compositions et d’ingrédients de parfum – souvent des « matériaux très chers, précieux et assez instables ». Au final, la palette du parfumeur reste intacte.
Selon Lynette Holland, il était auparavant presque impossible d’utiliser l’encapsulation pour créer une telle explosion olfactive dans le domaine de la beauté, car la plupart des microcapsules étaient à base de plastique et, naturellement, les marques n’en voulaient pas dans des formules directement appliquées sur la peau. L’alternative biodégradable et végétale proposée par Morro soulève donc un grand intérêt, ajoute-t-elle.
« Nous avons de nombreux partenariats en cours avec de grandes marques et de grands groupes de produits de grande consommation, tous très désireux d’utiliser nos microcapsules là où cela n’était pas possible auparavant car il n’y avait rien d’entièrement biodégradable. Comme les consommateurs demandent désormais des produits véritablement durables ; l’industrie est vraiment incitée à opter pour ce type de produits ».
Des perspectives pour la parfumerie fine
Concernant la possibilité d’utiliser les microcapsules Morro en parfumerie fine, Lynette Holland affirme que Xampla travaille sérieusement sur le sujet.
Les défis liés à leur application dans ce domaine sont liés à la durée de conservation et à la texture : il faut s’assurer que les microcapsules protègent les particules de parfum suffisamment longtemps dans ce type de formule et qu’elles ne deviennent pas « collantes ».
« Notre objectif ultime serait d’ajouter ces capsules à un parfum traditionnel à base d’alcool, une Eau de Toilette ou une Eau de Parfum. C’est techniquement très, très difficile de garder le parfum à l’intérieur de la capsule, mais c’est notre objectif ultime ».
Si on n’en est pas encore là, Lynette Holland souligne que les microcapsules fonctionnent très bien dans les formules de parfums à base d’eau, ainsi que dans les formulations topiques de soins de la peau et du corps, les après-shampooings et les déodorants, en roll-on ou en aérosol.
Défis d’approvisionnement
Parallèlement à ces recherches en parfumerie fine, Lynette Holland souligne que Xampla doit « adapter constamment » son approvisionnement en ingrédients.
« Au fur et à mesure de notre croissance, nous devons opter pour des matériaux facilement disponibles et qui ne concurrencent pas les terres agricoles. Donc, tout ce qui relève des déchets agricoles est intéressant », affirme-t-elle. « La technologie dont nous disposons est très polyvalente, elle n’est pas spécifique à un seul type de plante ».
Notons que Xampla travaille actuellement avec Elemis sur le développement de films pour sachets réutilisant les déchets issus de la production de bourrache de l’entreprise.
« Il faut bien réaliser que la marque Morro ne couvre pas un produit unique ; elle ne comprend pas que des microcapsules. Nous disposons certes d’un portefeuille de microcapsules spécialisées, pour les parfums et pour les actifs beauté, ainsi que de microcapsules pour les compléments alimentaires, mais nous produisons aussi des films et des revêtements. Nous développons également d’autres applications en laboratoire – il y a beaucoup de travail en cours ».