Premium Beauty News - Où en est IBG depuis le rachat par Fremman Capital en juin dernier ?
Xavier Leclerc de Hauteclocque - L’entreprise continue sur sa lancée avec une croissance bien supérieure à celle du marché. Depuis 2019, nous sommes passés de 42 à 400 personnes, en organique et via des acquisitions, pour devenir une des meilleures sociétés de gestion de projet du secteur. Notre chiffre d’affaires 2024 sera proche de 350 millions d’euros, réalisés avec plus de environ 200 clients. Comme souvent, un quart d’entre eux représente 80% du chiffre d’affaires. Nous sommes dans une situation où nous souhaitons privilégier certains profils de clients, ceux que l’on va pouvoir accompagner sur le long terme.
Premium Beauty News - Quels sont ces profils ?
Xavier Leclerc - Notre chiffre d’affaires est bien réparti avec 50% auprès de retailers aussi bien discount que mass, 25% avec les détaillants spécialisés dans l’univers beauté ou pharmacies et 25% avec les marques de beauté qui sont en fort développement.
Notre activité s’équilibre entre les États-Unis et l’Europe, dont 10% en France, et une petite activité en Asie. Ce qui est important pour nous est d’être présents sur tous les segments de prix pour suivre les évolutions des consommateurs.
Premium Beauty News - Vous concevez pour ces clients le développement de gammes de produits cosmétiques de A à Z, pratiquement sur toutes les catégories, quel est votre positionnement par rapport au marché du full service ?
Xavier Leclerc - Nous nous positionnons comme un prolongement naturel des équipes de nos clients. Nous leur apportons de l’agilité avec pour objectif de simplifier tous les process. Avec nos marques Orchard, pour la proposition commerciale la plus large sur tous les types de produits incluant les formulations, Fasten, pour le packaging seul, soit via un redesign ou via de nouvelles gammes. Notre point fort est notre capacité à créer des gammes complètes, cela représente 85% de notre activité. Nous avons des projets de plus de 50 références. Grâce à nos 65 designers combinés à nos 130 experts en gestion de projets, nous accompagnons nos clients pour accélérer les développements grâce à un écosystème de partenaires industriels, que nous avons construit par typologies de clients et de produits.
Il y a maintenant aussi une troisième activité, IBG Lab, qui est un incubateur de marques. Le Lab a pour vocation de développer nos propres marques en collaboration avec des distributeurs, nous en avons cinq à ce jour et prévoyons d’en lancer entre trois et cinq par an, mais également d’en acheter, comme nous l’avons fait avec Doucéa, une marque dermocosmétique française. Ce qui va être innovant dans ce domaine sera de se positionner sur des créneaux peu exploités avec de belles opportunités.
Premium Beauty News - Quels sont vos principaux atouts ?
Xavier Leclerc - Au premier rang, je placerais notre capacité de design. Pour des nouveautés mais aussi pour des relancements. Nous avons redessiné des gammes de 20 ou 30 références en réduisant de 20 à 35% l’empreinte carbone du produit et souvent en réduisant les coûts.
Second atout, notre service qualité/règlementaire avec 50 personnes dédiées. Pour nos clients c’est un gros sujet de complications qu’ils peuvent ainsi lever. Je pense que cette branche de services va continuer à gagner en importance.
Le troisième est de pouvoir mettre des ressources à disposition de clients qui n’ont pas toujours de compétences dans le domaine qu’ils veulent développer en construisant un écosystème de partenaires dédiés. Nous sommes aussi hyper-sélectifs sur les nouveaux clients. Je veux que l’on soit alignés sur le mode fonctionnement dès le départ et préfère développer un esprit de partenariat avec moins de clients mais plus importants. C’est une nouvelle façon de travailler et cela passe souvent par une décision stratégique du CEO de développer plus d’agilité.
Premium Beauty News - Comment est gérée la production ?
Xavier Leclerc - Nous concevons tout : les formules, les moules, les packagings et les accessoires, mais nous ne produisons pas car notre force, c’est la largeur de gamme et ce serait tout simplement impossible de produire toutes ces catégories de produits dans tous les pays. Nous avons un réseau de partenaires à qui nous sous-traitons la fabrication sous l’égide de notre contrôle qualité. Je suis convaincu que cela est en phase avec les attentes du marché qui est plutôt orienté vers une plus grande agilité notamment avec une régionalisation d’une partie des productions et une évolution de la demande vers des offres efficaces qui restent accessibles.
Premium Beauty News - Quels sont vos axes de développement ?
Xavier Leclerc - L’objectif est de développer d’autres catégories comme la fragrance et les mists qui peuvent encore progresser, bien que leur part dans notre chiffre d’affaires soit passée de 6 à 12%. Ensuite, je souhaite renforcer l’expertise technique dans tous les domaines. Par exemple, nous travaillons beaucoup en ce moment sur les opportunités autour du microbiome ou le remplacement des microplastiques. L’idée est de voir comment apporter une expertise plus forte pour des marques qui n’ont pas les moyens de le faire.
Premium Beauty News - Et en termes d’objectifs de croissance ?
Xavier Leclerc - L’ambition est de continuer à grossir plus vite que le marché, chercher des poches de croissance sur des segments non servis. Le groupe progresse de 20 à 30% pour la quatrième année consécutive et nous avons prévu de continuer sur cette dynamique.
Le modèle du full service évolue. Nous sommes des « product designers et developpers », et nous souhaitons aussi évoluer vers le brand design et le « social commerce » pour apporter encore plus de cohérence à nos projets. Aujourd’hui, les barrières à l’entrée ne sont plus vraiment sur la conception du produit, ou même la fabrication, mais dans la possibilité d’émerger sur le marché.
IBG va également ouvrir de nouveaux bureaux dans d’autres pays, c’est important d’avoir un accompagnement local.
Et en février prochain, nous emménagerons dans de nouveaux locaux situés dans le 17e arrondissement à Paris, qui abriteront le siège fonctionnel et les laboratoires de packagings et de formules.