Les ventes en ligne de produits de beauté plafonnent, autour d’un plafond de 30% du marché mondial, estime Ian Wu. Selon lui, la génération Z, bien qu’ayant toujours connu Internet, ne délaisse pas pour autant les magasins physiques. « Le concept d’essayer avant d’acheter est très important pour elle, et le personnel de vente est toujours essentiel », affirme M. Wu pour qui il ne faut pas chercher d’autres explications à la stagnation relative de la part des ventes de produits de beauté réalisées sur Internet.
Analyse de la peau en boutique
Pour faciliter à la vente en magasins, Meitu a mis au point un appareil d’analyse de la peau. En boutique, il est ainsi possible de tester la peau des clientes et clients afin de les guider vers un produit spécifique. Meitu vend ces appareils aux marques ou aux retailers, et propose un contrat de licence pour l’utilisation des logiciels permettant de les faire tourner.
« Notre contrat de licence inclut actuellement une analyse des caractéristiques faciales, des tests cutanés et des technologies de recommandation de produits de soin/maquillage. Ces technologies amélioreront l’expérience de vente au détail en permettant aux consommateurs de mieux comprendre l’état de sa peau et d’acheter les produits qui correspondent le mieux à ses besoins », explique Ian Wu.
L’entreprise semble vouloir se concentrer sur ces logiciels et se désengage notamment de la téléphonie. Ainsi, le groupe a signé en novembre dernier un partenariat avec son compatriote Xiaomi, qui a acquis la licence exclusive d’utilisation de la marque Meitu Smartphone. « Meitu va ainsi pouvoir mieux se concentrer sur le développement de la prochaine génération de traitements de l’image, de technologies liées à l’intelligence artificielle et d’algorithmes d’images », souligne le groupe.
Beauté personnalisée
Le groupe revendique son statut de pionnier du concept de la beauté personnalisée en Chine. Les applications de retouche de selfies y sont aujourd’hui légion, dans le sillage de l’application phare du groupe Meitu (美图, belle image) et de ses applications de vidéos BeautyCam et BeautyPlus, un éventail d’applications qui annoncent aujourd’hui 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde, dont plus d’un tiers hors de Chine.
La fonction My Beauty de l’application Meitu permet, par exemple, de personnaliser les paramètres d’embellissement. Les modifications possibles comprennent l’aspect de la peau, la préservation de certains attributs comme les grains de beauté, la structure faciale, le contour du visage ou du corps, la taille des yeux etc. Ces paramètres peuvent être sauvegardés dans l’appli et pour être réutilisés plus tard.
Marketing en ligne et big data
Avec ces logiciels, Meitu propose aux marques un service d’analyse des données recueillies. Ces données incluent les préférences des clients en matière de maquillage et de soin de la peau, leurs comportements d’achats, leurs besoins en fonction de l’état de leur peau (vieillissement, points noirs, acné, cernes et rides), qui peuvent être mises en relation avec les caractéristiques démographiques (âge, sexe) si les utilisateurs ont choisi de les renseigner.
« Toutes ces informations peuvent être utilisées pour aider les entreprises à développer leurs stratégies de marketing et leur permettre de créer plusieurs points de contact en ligne qui peuvent réengager les clients, ou même atteindre une audience similaire grâce au marketing de précision », explique Ian Wu, pour lequel cette utilisation ciblée des données est « le futur du marketing en ligne ».
Reste la question de la protection des données personnelles. Meitu s’engage notamment à ce que « le but et la portée de [la] collecte de données soient strictement limités au fonctionnement normal de [ses] produits et de leurs fonctions ». Le sujet est sensible !