Le groupe américain de cosmétiques Estée Lauder, qui va changer de patron en janvier, continue de souffrir de la baisse de la consommation en Asie, surtout en Chine. Dans ce contexte, le groupe a annoncé le retrait de ses prévisions pour l’exercice 2025 et son titre a été fortement sanctionné par les marchés, avec une baisse record à la Bourse de New York jeudi 31 octobre.
"Nous avions anticipé un début d’année fiscale 2025 difficile. Nos résultats correspondent grandement à ce que nous avions envisagé en août", a tempéré son actuel CEO, Fabrizio Freda, lors d’une audioconférence avec des analystes.
En août, le groupe avait averti que les résultats de l’exercice décalé 2025 seraient inférieurs aux attentes. En effet, le premier trimestre a connu une activité en baisse de 4% (-5% à changes constants) à 3,36 milliards de dollars et l’entreprise a publié une perte nette de 156 millions de dollars, contre un bénéfice net de 31 millions un an plus tôt.
Dégradation en Chine
La situation en Chine, problématique pour Estée Lauder depuis de longs mois déjà, "a empiré" au premier trimestre et les ventes ont reculé de plus de 10%.
Ces difficultés ont "entraîné une aggravation de la faiblesse sur le marché de la beauté de prestige en Chine continentale et des taux faibles de conversion dans les commerces liés au tourisme en Asie et à Hong Kong", a relevé Estée Lauder.
Selon l’entreprise, ses résultats ont aussi été impactés par son plan de restructuration et par une charge de 159 millions de dollars liée à un accord dans le cadre de poursuites civiles liées à l’utilisation de talc dans ses produits. Hors ces diverses charges, elle aurait dégagé un bénéfice net de 52 millions.
Réinitialisation stratégique
"Bien que nous ne soyons pas satisfaits de nos ventes proforma, nous voyons des éléments encourageants avec les premiers effets de plusieurs piliers de la réinitialisation stratégique", a précisé M. Freda aux analystes.
Selon lui, le début du deuxième trimestre "a montré encore plus que nous faisons face à des vents contraires macroéconomiques plus forts en 2025 que ce que nous avions prévu" en Asie, et tout particulièrement en Chine, a-t-il poursuivi.
"Nous pensons que les nouvelles mesures de stimuli économiques en Chine constituent un potentiel à moyen et à long termes de stabilisation", souligne-t-il. Mais "nous anticipons toujours des baisses importantes pour l’industrie à court terme, en Chine et en commerce voyageur", a-t-il prévenu.
"Notre prudence est confirmée et, comme prévu, la demande en Chine est restée sous tension", ont commenté les analystes de TD Cowen, s’inquiétant du manque "d’agilité" et de présence numérique et ecommerce du groupe. Ils ont plaidé pour une "réinvention du puissant héritage des marques" du groupe.
Âgé de 67 ans et patron depuis seize ans, M. Freda avait annoncé à l’été son intention de partir à la retraite. Le groupe a annoncé mercredi que Stéphane de la Faverie, actuellement président exécutif, prendrait sa succession à partir du 1er janvier.
La directrice financière Tracey Travis, qui va également prendre sa retraite, a précisé aux analystes que le groupe continuait "d’explorer des initiatives supplémentaires de réduction des coûts" pour compenser les pressions sur les ventes mondiales.