Les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC), réunis à Lyon, en France, ont publié leurs résultats, vendredi 5 juillet, dans la revue The Lancet Oncology. Ils ont classé le talc, un minéral naturel extrait dans de nombreuses régions du monde, comme "probablement cancérogène" pour l’homme, au vu notamment d’une combinaison de preuves de cancer, limitées chez l’être humain (cancer de l’ovaire), suffisantes chez les animaux de laboratoire, et de solides éléments mécanistes.

Exposition en milieu professionnel

Selon eux, l’exposition humaine se produit principalement en milieu professionnel lors de l’extraction, du broyage ou du traitement du talc, ou lors de la fabrication de produits en contenant.

En population générale, elle se fait notamment par l’utilisation de cosmétiques et poudres corporelles contenant du talc. Néanmoins, les experts n’excluent pas certains biais dans les études ayant montré une augmentation de l’incidence du cancer. Si l’évaluation a porté sur le talc ne contenant pas d’amiante, la contamination du talc par l’amiante ne pouvait être exclue dans la plupart des études sur les humains exposés, disent-ils.

Interrogé par l’AFP, Kevin McConway, un statisticien de l’Open University au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’étude, met en garde contre une interprétation non scientifique de l’évaluation du CIRC. Selon lui, l’agence a uniquement cherché "à répondre à la question de savoir si cette substance a le potentiel de provoquer le cancer, dans certaines conditions, sans préciser lesquelles", a-t-il expliqué.

Dans la mesure où l’analyse repose sur des études épidémiologiques qui ne cherchent pas à démontrer de lien de causalité, "il n’y a aucune preuve irréfutable que l’utilisation du talc entraîne un risque accru de cancer", ajoute-t-il.

Le cas Johnson & Johnson

En juin, le géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson (J&J) a conclu un accord définitif avec la justice de 42 États aux États-Unis dans une affaire de talc accusé d’avoir causé des cancers. Dans le cadre de ce règlement, l’entreprise n’a toutefois pas admis de problème concernant ses produits.

Dans les années 1970 une inquiétude était née à propos de la contamination du talc par de l’amiante, souvent proche dans la nature des minerais servant à fabriquer le talc. Puis des études avaient pointé un risque plus élevé de cancer des ovaires chez les utilisatrices de talc.

Une synthèse d’études, publiée en janvier 2020 et portant sur 250.000 femmes aux États-Unis, n’avait pas trouvé de lien statistique entre l’usage de talc sur les parties génitales et le risque de cancer des ovaires.

Acrylonitrile

L’agence de l’OMS a également classé comme "cancérogène" pour l’homme l’acrylonitrile, un composé organique volatil principalement utilisé dans la production de polymères.

Cette décision repose sur des "preuves suffisantes de cancer du poumon" et "limitées" de cancer de la vessie chez l’homme, selon l’IARC.

Ces polymères sont utilisés dans des fibres pour les vêtements, des tapis, des plastiques pour les produits de consommation ou des pièces automobiles. L’acrylonitrile est aussi présent dans la fumée de cigarette. La pollution de l’air constitue une autre source d’exposition.