L’intérêt pour les ingrédients surcyclés progresse dans l’industrie cosmétique

Les coproduits ou sous-produits alimentaires sont déjà une source d’ingrédients naturels courante. Certains ingrédients, comme l’huile de palmiste, sont largement utilisés dans les produits cosmétiques et de soins personnels. Selon Ecovia Intelligence, la demande pour ces matières premières augmente toutefois en raison des nouvelles attentes des consommateurs en matière de cosmétiques naturels et biologiques. La recherche de durabilité est un autre moteur majeur de l’utilisation croissante d’ingrédients d’origine végétale et naturels dans les formulations.

Chaînes d’approvisionnement perturbées

Selon le cabinet d’études de marché, l’année 2020 est marquée par un intérêt croissant pour les ingrédients surcyclés. En effet, la pandémie COVID-19 a perturbé l’approvisionnement en ingrédients naturels. La collecte et le traitement des matières végétales ont en effet été affectés par les mesures d’urgence introduites par les gouvernements. Les acheteurs d’ingrédients ont également du faire face à des coûts de transport et des retards plus élevés en raison des mesures de quarantaine dans les ports. La pandémie amène donc de nombreux opérateurs à envisager des sources d’approvisionnement régionales, voire locales, en ingrédients naturels et les sous-produits alimentaires sont de plus en plus considérés comme une source durable pour ces matières.

Lancements récents

Les 12 derniers mois ont plusieurs lancements notables d’ingrédients surcyclés. Les Laboratoires Expanscience ont ainsi développé un actif pour le soin des yeux issu d’avocats déclassés. L’entreprise française a mis en place une chaîne d’approvisionnement durable au Pérou. De son côté, Givaudan a lancé Koffee’Up. Commercialisé comme une alternative à l’huile d’argan, l’ingrédient recyclé est fabriqué à partir de marc de café épuisé. L’ingrédient a été développé en partenariat avec la start-up danoise Kaffe Bueno.

Rahn AG, quant-à lui, valorise les graines de citrouille pour fabriquer l’ingrédient actif Reforcyl-Aion. Issu de citrouilles de Styrie (Autriche), cet ingrédient pour soins de la peau est commercialisé comme étant conforme aux principes de l’économie circulaire. Enfin, Cargill Beauty a extrait la pectine de restes de zestes de citrons pour produire un nouveau texturisant et stabilisateur d’émulsion pour les soins de la peau.

En quête de durabilité

À partir de cette nouvelle génération d’ingrédients naturels les marques de cosmétiques créent des lignes dédiées. La société taïwanaise Hair O ’Right fait figure de pionnière ; elle a lancé des produits de soins capillaires naturels à base de marc de café dès 2006. Elle crée maintenant des produits utilisant d’autres ingrédients surcyclés, tels que les racines de baies de goji et les rebus de distilleries. L’utilisation de tels ingrédients s’inscrit dans la philosophie des marques durables ; Hair O’ Right est neutre en carbone et figure parmi les grands utilisateurs d’emballages recyclés. La reconnaissance de ces efforts est intervenue l’année dernière lorsque la société a remporté le Sustainability Leadership à l’occasion des Sustainable Beauty Awards 2019.

De nouvelles marques émergent et se positionnent sur les ingrédients surcyclés. Lancée au Royaume-Uni, la marque Dr. Craft utilise ainsi de la pulpe de cassis déclassés pour créer des teintures capillaires durables. Upcircle Beauty est une autre marque britannique qui recycle les déchets pour sa gamme de soins de la peau. LOLI Beauty, basée à New York, utilise également des ingrédients surcyclés. Plum Elixir, son produit phare, est fabriqué à partir d’huile de noyau de prune provenant de fermes biologiques.

Selon Ecovia Intelligence, les entreprises de cosmétiques cherchent maintenant à effectuer leur transition vers une économie circulaire. De grandes entreprises comme Unilever et P&G ont mis en place des programmes zéro déchet et optent pour des matériaux d’emballage durables. L’élimination des déchets étant l’un des aspects de l’économie circulaire, le surcyclage est une opportunité pour ces entreprises. Selon l’agence d’étude de marché, le taux d’adoption des ingrédients surcyclés devrait augmenter à mesure que ces entreprises reformulent leurs produits.