La dernière étude de Xerfi consacrée à l’industrie de l’emballage en France [1], tous secteurs confondus, prévoit une croissance du marché d’environ 2% par an en moyenne d’ici 2025. Le marché tricolore de l’emballage, qui représentait près de 20 milliards d’euros l’an dernier, devrait alors dépasser les 21 milliards d’euros. Selon l’institut d’études de marché, certains secteurs, qui avaient encore été pénalisés en 2021 par les restrictions sanitaires sur les magasins « non essentiels », sur les débits de boisson et sur les arrivées de touristes étrangers, constituent d’importants réservoirs de croissance. C’est le cas notamment de l’industrie des cosmétiques et de la parfumerie ou encore de la fabrication de bières et de boissons rafraîchissantes.

Un marché en mutation

Dans un contexte marqué par l’envolée des cours des matières — qui concerne tous les matériaux utilisés par les fabricants - et des prix de l’énergie, le secteur se trouve confronté à une hausse des coûts de production qui n’a pu être que partiellement répercutée sur les prix. Une situation qui concerne l’ensemble des filières - plastique, carton, métal ou verre - même si les raisons et les conjonctures comme les causes varient.

En parallèle, le durcissement de la réglementation (développement des packagings fabriqués depuis des matériaux recyclés ou biodégradables, réduction du recours au plastique au profit des autres matériaux…) accentue la pression sur des industriels contraints d’adapter leurs production au plus vite. Selon Xerfi, la contraction des volumes devrait toutefois être marginale à moyen terme.

Pour répondre aux préoccupations environnementales, les fabricants redoublent d’efforts pour développer des produits éco-conçus (utilisation de matériaux recyclés ou biosourcés…) et adapter leurs procédés de production (installations de machines moins énergivores, valorisation des déchets…). Le renforcement des contraintes sur le plastique attise les convoitises des autres fabricants d’emballages : les verriers n’ont de cesse de rappeler les avantages du verre en matière de recyclage et de réutilisabilité, les acteurs du papier-carton multiplient les innovations pour développer des emballages capables de rivaliser avec les contenants en plastique.

Pour autant, les plasturgistes redoublent d’efforts pour s’adapter aux nouvelles réglementations et contrer les offensives des acteurs du verre et du papier-carton : ils incorporent une part croissante de matière recyclée ; ils expérimentent des plastiques alternatifs ; ils adaptent les lignes de production pour produire des emballages plus responsables ; ils développent des solutions réutilisables.

Une filière en recomposition

Selon Xerfi, toutes ces contraintes devraient accélérer la recomposition d’une filière où la financiarisation a déjà permis à des investisseurs institutionnels de prendre le contrôle de nombreux leaders mondiaux. « Entre l’appétit des acteurs, qui multiplient les rachats, et celui des investisseurs, l’industrie du packaging est en train de se réorganiser autour de géants ultraspécialisés », souligne Rémi Vicente, directeur d’études chez Xerfi.

Contraints de sécuriser leurs approvisionnements et d’intensifier leurs efforts de R&D, les acteurs se sont en effet lancés dans une course à la taille pour réaliser des économies d’échelle et accroître leur pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs et des clients.