Cultivé à grande échelle en Afrique du Nord - principalement au Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie…), dans le sud de l’Europe (Portugal, Espagne, Italie…) et dans certains pays d’Amérique du Sud (Mexique, Chili, Brésil…) le figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica), également appelé nopal ou cactus à raquettes, est devenu en quelques années un ingrédient star des formulations cosmétiques naturelles ! À l’heure du réchauffement climatique, cette plante peu gourmande en eau, qui pousse sur des terres pas toujours propices aux autres cultures, offre de nombreux atouts.
« À l’exception de ses épines dont on ne tire rien pour le moment, la plante peut être entièrement utilisée et valorisée : fruits, raquettes, pépins, fleurs… », explique Lémia Chekir Thabet, coordinatrice nationale du Projet Pampat, mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
« Plus de la moitié de nos producteurs exportent et sur la totalité de ces exportations, 95% concerne l’huile de pépins de figue de barbarie : 95% en vrac et 5% sous forme de produits conditionnés. 70% de cette production est envoyée en Europe, et principalement en France, à des acteurs de l’industrie cosmétique. Le succès toujours plus grandissant de l’huile de pépins de figue de barbarie s’explique par ses nombreuses vertus anti-âge que nous avons prouvées par la réalisation d’une étude clinique [1]. Pour rappel, elle est utilisée depuis très longtemps par les femmes du Maghreb sur leur peau, leurs cheveux et leurs ongles », précise-t-elle.
Chouchou des jeunes marques de la cosmétique naturelle
Pour Émilie Jolibois, responsable ingrédients cosmétiques & extraits végétaux chez Aroma-Zone, l’huile de pépins de figue de barbarie est « l’une des meilleures huiles végétales pour lutter contre le vieillissement cutané ». L’ingrédient est d’ailleurs proposé depuis des années dans les boutiques de la marque, qui a largement contribué à sa popularité en France.
« C’est en raison de sa teneur en nutriments bénéfiques pour la peau que l’huile de pépins de figue de barbarie est qualifiée d’excellent hydratant et anti-âge. En effet, elle est riche en acide linoléique (oméga-6), en tocophérols (vitamine E) et notamment en phytostérols et polyphénols », explique Élisa Louveau, cheffe de projet R&D, Typology. « C’est pourquoi chez Typology, nous proposons une huile végétale bio qui nous est fournie par un producteur marocain. Elle apporte, à elle seule, déjà de très bons résultats. Nous l’assemblons avec d’autres actifs dans deux autres formules anti-âge », ajoute-t-elle.
Mais l’élixir a un prix, 350 euros le litre en moyenne à la sortie des usines tunisiennes, car le processus de production est « long et complexe », explique Sandy Boget, fondatrice de la marque Sand Rarity, qui l’utilise – en version bio – comme ingrédient phare des quatre produits sa marque. « Il faut en moyenne trente kilos de pépins de figue de barbarie, soit près d’une tonne de fruits, pour obtenir un litre d’huile. De plus, pour préserver tous les bienfaits renfermés dans les graines, il est absolument nécessaire de procéder à une extraction à froid et de n’ajouter aucun solvant », souligne-t-elle.
Au-delà des pépins…
Fruits, pépins, fleurs, cladodes (appelés aussi raquettes), jeunes feuilles, peau du fruit… tout est exploitable dans le figuier de barbarie, à l’exception des épines et de la partie non comestible de la raquette. La marque Weleda utilise ainsi les jeunes pousses dans sa Crème Hydratante 24 h pour leur teneur en polyphénols, en sucres et en minéraux. Du côté d’Aroma-Zone, les raquettes intéressent également l’entreprise. « Notre complément alimentaire Capteur de Graisses Bio est composé de poudre de cladodes, connue pour sa richesse en fibres et ses effets sur l’absorption des graisses et des sucres », précise Émilie Jolibois.
« Avec les fruits et les fleurs, les producteurs réalisent différents liquides dont les vertus sont variables. Il est important de ne pas confondre l’huile végétale de pépins de figues de barbarie avec le macérât huileux. Ce dernier est obtenu par macération des fleurs et/ou des fruits du figuier dans une huile neutre, en général de l’huile de tournesol raffinée, alors que l’huile de pépins est obtenue par pression de ceux-ci. L’huile essentielle, quant à elle, obtenue par extraction chimique, prend naissance lorsque les pépins de figue de Barbarie en poudre sont pulvérisés puis insérés dans un solvant comme l’hexane, par exemple », détaille Lémia Chekir Thabet.
Le champ des applications possibles semble donc encore très large ! D’autant que le cactus à raquettes, qui se contente de terres pauvres et résiste parfaitement à la chaleur et à la sécheresse, intéresse aussi le secteur agro-alimentaire et l’industrie pharmaceutique.