Le groupe de luxe français Kering poursuit la relance de sa marque phare, en difficulté depuis de longs mois, avec la nomination annoncée mardi 8 octobre de Stefano Cantino au poste de directeur général de Gucci.
Arrivé chez Kering cette année, cet ancien cadre du groupe concurrent LVMH, qui œuvrait auparavant chez Prada, sera "rattaché à Francesca Bellettini, directrice générale adjointe de Kering en charge du développement des maisons", a précisé le groupe dans un communiqué.
Le 1er janvier prochain, il succédera comme directeur général de Gucci à Jean-François Palus. Ce proche du PDG de Kering, François-Henri Pinault, avait été nommé en juillet 2023 de manière transitoire à la tête de Gucci pour reprendre en main la marque et la mettre sur la voie du redressement. Stefano Cantino siégera au comité exécutif de Kering.
"Je suis confiante dans la capacité de Stefano et l’équipe Gucci, en s’appuyant sur ce qui a été construit au cours des 15 derniers mois, à réussir dans leur mission de redonner à Gucci le leadership que la marque mérite", a déclaré Francesca Bellettini, citée dans le communiqué.
Au premier semestre, les ventes de Gucci ont chuté de 20%, tombant à 4 milliards d’euros (4,4 milliards de dollars). Or la marque italienne représente près de 50% du chiffre d’affaires de Kering et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle.
Toutes les solutions sont mises en œuvre depuis plusieurs mois pour sauver le soldat Gucci : changement de directeur artistique en janvier 2023 avec l’arrivée de Sabato de Sarno, changement de direction, "élévation de la marque" avec des produits plus chers...
"Période particulièrement complexe"
Cependant, le redressement de la marque italienne se fait attendre et risque encore d’être retardé par la conjoncture en Chine. La griffe est en effet davantage dépendante du marché chinois que d’autres marques de luxe concurrentes.
Ce mardi, les valeurs du luxe à la Bourse de Paris ont accusé le coup de l’absence d’annonce par Pékin de nouvelles mesures de relance pour soutenir la croissance économique chinoise. L’action de Kering a perdu 4,45%, clôturant à 236,35 euros, et le géant LVMH a cédé 3,57%, à 655,50 euros.
"Notre priorité est de remettre Gucci sur les rails", avait indiqué début février François-Henri Pinault, en précisant cela "ne se fera pas du jour au lendemain".
"On n’avait pas en place, à des positions clés de l’entreprise, suffisamment d’expertise et de talents", avait-il expliqué, en soulignant que le luxe exige des expertises "très fortes" dans la vente, le merchandising ou l’approvisionnement.
Stefano Cantino avait rejoint Gucci en mai dernier en tant que directeur général adjoint de la marque, après une carrière de cinq ans chez Louis Vuitton (groupe LVMH), où il supervisait la communication et l’image. Auparavant, il avait passé 20 ans au sein du groupe Prada.
François-Henri Pinault, également cité dans le communiqué mardi, a salué Jean-François Palus qui, "dans une période particulièrement complexe", "a pris les décisions courageuses dont la maison avait besoin et a posé les bases solides pour qu’un nouveau Gucci prospère sous la direction de Stefano".
"Je tiens également à saluer l’étroite et constante collaboration de Jean-François au cours des 30 dernières années, qui m’a été d’un soutien inestimable", ajoute-t-il. Kering ne précise pas si Jean-François Palus, 62 ans, prendra d’autres fonctions au sein du groupe en janvier.