Selon Kline + Company, le marché mondial des ingrédients cosmétiques – matières premières, d’ingrédients de spécialité et actifs – représente désormais un peu plus de 26 milliards d’euros, soit un peu moins de 30 milliards de dollars. Les spécialités constituent toujours l’essentiel du marché de la beauté, avec environ 18,5 milliards d’euros (21 milliards de dollars), souligne le cabinet d’études, les matières premières représentant 20 à 30% et les actifs 10%.
Ce marché a toutefois considérablement évolué au cours des cinq dernières années, selon Nikola Matic, VP of chemicals and materials research chez Kline + Company.
Nouvelle donne concurrentielle
À l’occasion du salon in-cosmetics global 2025, qui s’est tenu à Amsterdam au début du mois, Nikola Matic a souligné le rôle de la COVID-19, et de la forte inflation mondiale sur tant sur les comportements des consommateurs que les chaînes d’approvisionnement, avec un fort impact sur le secteur des ingrédients.
« De nombreux acheteurs d’ingrédients – marques et fabricants de produits cosmétiques – ont cherché à élargir leurs portefeuilles et leurs approvisionnements. Ils ont ainsi sélectionné de nouveaux fournisseurs, ce qui a profondément remodelé l’environnement concurrentiel », a-t-il expliqué.
Les marques et les fabricants ont diversifié leurs portefeuilles lorsque les chaînes d’approvisionnement ont retrouvé leur fonctionnement normal après la COVID-19, non seulement parce que c’était possible, mais aussi pour réduire leurs coûts dans un contexte d’inflation persistante. Pour Nikola Matic, les cartes ont été complètement redistribuées du côté des fournisseurs – avec l’émergence de nombreuses acteurs nouveaux — une situation inédite depuis deux décennies.
De nouveaux fournisseurs d’ingrédients cosmétiques venus d’Asie, notamment des Chinois et des Indiens, ont ravis des parts de marché aux grandes géants occidentaux de la chimie. « C’est une nouvelle réalité qui devrait perdurer. Et cela a également eu un effet secondaire majeur : l’importance des distributeurs sur ce marché a augmenté ces dernières années ». Selon Kline + Co, l’Inde a enregistré une croissance significative de sa part du marché des ingrédients cosmétiques de spécialité au cours des cinq dernières années ; elle est désormais le quatrième marché mondial pour les spécialités, derrière l’Europe, les États-Unis et la Chine.
Face à l’intensification de la concurrence entre fournisseurs, Nicola Matic a insisté sur la nécessité de suivre le rythme des tendances du marché et d’innover en conséquence.
Durabilité, longévité et esthétique
Selon Nicola Matic, la durabilité est désormais un préalable à toutes les autres tendances du marché de la beauté. Et pour les fournisseurs d’ingrédients, cela implique de s’appuyer pleinement sur les principes de la chimie verte et sur les biotechnologies pour innover. « Nous avons constaté que la durabilité impacte les différentes étapes de la formulation de façons nouvelles et uniques. Plus une marque peut promouvoir ses ingrédients en termes de durabilité, de naturalité ou de biodégradabilité, mieux c’est ».
Pour M. Matic, proposer des alternatives naturelles aux tensioactifs, émollients et modificateurs de rhéologie, serait bénéfique pour les fournisseurs, tout en favorisant la durabilité des actifs, le segment en plus forte croissance et où les attentes en matière de durabilité sont particulièrement élevées.
La longévité est l’autre domaine clé que les fournisseurs ont suivi de près cette année, le terme étant devenu « très tendance » dans le secteur de la beauté. Selon Nicola Matic, cela n’impliquerait pas nécessairement une transformation de l’offre, car il s’agirait surtout d’une évolution ou d’une mise jour de la tendance anti-âge et bien-vieillir. « Les produits et les molécules sont les mêmes, les revendications sont différentes ».
Selon Kline + Co, l’anti-âge représente 85% du marché des ingrédients actifs et c’est toujours là que « l’essentiel de l’activité se concentre ». Ainsi, les ingrédients installés comme le rétinol, l’acide hyaluronique et le collagène pourraient désormais être orientés vers la longévité plutôt que vers l’anti-âge, selon le cabinet d’études de marchés. « C’est très intéressant, car cela permet évidemment aux entreprises de repositionner certains produits et de réduire le besoin de nouveaux tests, in vitro et in vivo, pour leurs ingrédients ».
Autre tendance majeure, selon Nicola Matic, la croissance des interventions esthétiques devrait également ouvrir des opportunités dans le secteur des ingrédients cosmétiques. À ce titre, elle devrait être au cœur des préoccupations des fournisseurs.
« Pendant des années, de nombreux formulateurs de produits finis, mais aussi de fabricants d’ingrédients, ont tenté de proposer des alternatives aux interventions esthétiques, notamment aux ingrédients actifs de type Botox (…). Aujourd’hui, la tendance évolue légèrement », a souligné Nicola Batic à l’occasion du salon in-cosmetics.
Kline + Co considère qu’il existe désormais des opportunités autour des produits de beauté qui pourraient être utilisés en association avec des procédures esthétiques, avant ou après l’intervention, pour des effets durables. C’est le cas notamment d’actifs comme l’acide hyaluronique, car « cela a bien sûr beaucoup à voir avec l’hydratation ».
« C’est pourquoi ce marché de 30 milliards de dollars est si intéressant ; il faut examiner le produit fini et comprendre les principaux atouts du marché de détail », a conclu Nicola Matic.