
Comment ne pas se souvenir d’Hubert Varlet ? Il nait un 27 février 1946 dans le 9e arrondissement à Paris. Diplomé de Sup de Co Paris et de l’Insead, il rencontre Michèle, se marie en 1969 et part en coopération en Côte d’Ivoire l’année suivante. En 1971, il rejoint le Groupe BSN au service export pour devenir plus tard Directeur Commercial de la Division Flaconnage. Il y restera vingt ans. 1971 est l’année où, parallèlement, le Groupe Pochet fait le pari audacieux de la modernité sous l’impulsion des deux fils de Charles Colonna de Giovellina, Henri et Jean en construisant sur le site de Guimerville une usine permettant d’automatiser entièrement la fabrication des flacons de verre. L’investissement représente un an du chiffre d’affaires. La famille Colonna et Hubert Varlet finiront par se rencontrer 14 ans plus tard. Nous sommes donc en 1985.
La famille Colonna avait repéré cet homme à la forte personnalité et au talent commercial exceptionnel. Il faut convaincre Hubert d’intégrer l’équipe de Pochet. Le 1er octobre 1985, c’est chose faite ! La suite de l’histoire du Groupe Pochet prouvera qu’ils avaient raison. De cette complicité et de cette complémentarité va se développer de manière exponentielle avec l’appui de toute une équipe de collaborateurs et de techniciens motivés ce qui deviendra la référence mondiale du flaconnage de luxe. Hubert Varlet restera vingt-sept ans au sein du groupe et « l’oncle Hubert » fera très vite partie de la famille. En une cinquantaine d’années, il n’aura finalement connu que deux entreprises…
« Il savait y faire ! »
« C’était certainement le plus bel exemple du talent commercial à l’état pur tel qu’on peut le rêver », explique Irène Gosset, aujourd’hui Présidente du Groupe et fille d’Henri Colonna de Giovellina. « Infatigable, il parcourait le monde et nouait, comme lui seul savait le faire, des relations très étroites et personnelles avec les clients. Lui et Gabriel Colonna, fils d’Henri, qui entre dans le Groupe en 1983 formeront le tandem gagnant. Beaucoup de clients qui l’ont bien connu avouent que c’était un véritable privilège de négocier avec Hubert ». En quelques mots « il savait y faire ! ». « Ce qui était fantastique chez lui », souligne Thierry de la Fléchère, ancien responsable des ventes France, « c’était sa capacité à ne pas parler directement avec un client de ce pour quoi il était censé être là, vendre des flacons, mais bien plus de l’évolution du marché mondial et de la distribution qu’il connaissait sur le bout des doigts. Il parlait d’égal à égal avec les Présidents et Présidentes des plus grandes marques mondiales du secteur de la Beauté. Mais, au final, il vendait bien plus que des flacons. Il vendait le Groupe Pochet et son excellence. Il connaissait le marché comme personne ».
Pendant ces 27 années de collaboration, Pochet a beaucoup changé. La stratégie d’internationalisation, en particulier vers les États-Unis, le Brésil et l’Asie, initiée par la famille Colonna dès les années 1970 est très vite prise à bras le corps par Hubert Varlet. Le Groupe s’inscrit alors au centre du cercle très fermé des verriers mondiaux capables des plus belles prouesses et des plus beaux défis techniques. Des défis qui ne font peur à personne dans le Groupe, encore moins à Hubert. Il est également largement à la manœuvre lorsqu’il s’agit pour Pochet de se diversifier en 1991 dans le secteur des plastiques en créant Qualipac et en renforçant ce pôle par d’autres acquisitions ou créations comme Priminter, les deux sites chinois de Qualipac, Qualiform, IPEL au Brésil, Lisi Cosmetics. « Mais attention », se souvient Thierry de la Fléchère, « pas question d’arriver en retard à une réunion et encore moins de n’avoir pas bien préparer celle-ci. Hubert c’était la ponctualité et l’exigence au sens pur ! Il voulait aller au fond des choses et il avait l’art de placer le bon mot au bon moment ».
« En matière d’entregent, Hubert était le roi ! Il était flamboyant ! Mais il savait se mettre dans la position de son interlocuteur », explique Isabelle Lallemant, Directrice Marketing et Innovation du Groupe. « Je me souviens du jour où nous avions reçu un prix à Luxe Pack Monaco pour notre démarche RSE. Il a réussi à prendre sous son bras le Prince Albert de Monaco et à l’amener manu militari sur le stand du Groupe pour le lui présenter ».
« Hubert était très Pochet » !
« Incontestablement, il impressionnait par son charisme », souligne Astrid Rutkowski Mauduit qui a passé au total dix-sept années dans le Groupe Pochet avant de créer la marque Ouate. « Ce qui était frappant chez lui, c’est qu’il pouvait être à la fois dur et bienveillant. Une réunion commerciale avec Hubert ressemblait à une grande messe où il ne fallait pas se rater. Mais sa grande force était aussi sa capacité d’écoute vis-à-vis des collaborateurs et, bien sûr, vis-à-vis des clients ».
« Finalement, ‘Hubert était très Pochet’ ou bien c’était ‘Pochet qui était très Hubert’. Comme vous le savez, l’Engagement Client, est l’une des quatre vertus cardinales de notre Groupe. Nous en avons fait une priorité stratégique de notre développement », confie Irène Gosset, Présidente du Groupe. « L’histoire de Pochet est celle d’un engagement sans faille pour la réussite de nos clients. Sous son influence nous avons construit une organisation dédiée au client, avec un maillage dense de points de contact grâce auquel nous prenons en charge des demandes très différentes avec des réponses sur-mesure ».
Vertus cardinales...
Quant aux autres vertus cardinales du Groupe Pochet longuement décrites dans sa charte, et qui peuvent s’appliquer totalement à Hubert Varlet... Celle de l’Excellence tout d’abord avec un grand « E » où Hubert Varlet, tout comme le Groupe, tenait à se distinguer par la qualité absolue de ses réalisations et l’unicité de ses savoir-faire, à la frontière de l’art et de l’industrie. Celle de l’Engagement Client, on l’a déjà dit. Celle de la Considération enfin qui est un terme fort, mélange de respect, d’estime et de bienveillance, qui veut traduire la vision du groupe et du monde. Conscient que le Groupe doit toute sa réussite à l’implication de chacun, Hubert Varlet voulait, comme le Groupe, que ses collaborateurs s’y sentent entendus et valorisés dans leur travail.
Il est donc parti un 1er août. Il y avait beaucoup de monde à la messe donnée à sa mémoire fin septembre à Paris.