Alors que l’inflation flirte encore avec des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis le milieu des années 1980, sans que les salaires suivent, les Français tentent de hiérarchiser leurs achats. Et ce n’est pas chose aisée, à en croire le dernier baromètre IPSOS / Secours populaire, qui estime à 18% la part des Français vivant à découvert. Une situation qui n’est pas sans conséquences, puisque le rapport note un niveau record de privations, avec 45% des Français qui n’ont pas pu payer certains actes médicaux, 43% qui n’ont pas pu consommer des fruits et légumes frais tous les jours, et 32% n’ont pas la possibilité de consommer des produits sains en quantité suffisante pour profiter de trois repas par jour, pas au quotidien tout du moins. Autant de données qui laissent penser que les consommateurs sont aussi inévitablement contraints de renoncer à des produits considérés comme moins essentiels que l’alimentation.
e-commerce et places de marché
C’est ce qu’a récemment révélé une enquête Nielsen IQ, indiquant que près d’un consommateur français sur deux (45%) envisagerait de réduire ses dépenses en produits de beauté en 2023. Il faut dire que 84% estiment que les prix de la catégorie ont augmenté au cours des 6 derniers mois et 24% pensent que ces augmentations sont encore plus importantes que pour les rayons épicerie et entretien.
Pour tenter de faire des économies, les consommateurs s’orientent vers le e-commerce. En France, le Top 5 des places de marché sur la catégorie beauté est, selon Nielsen IQ : 1) Amazon, 2) Sephora, 3) Nocibé, 4) E. Leclerc, 5) Marionnaud Paris. Les e-commerçants spécialisés de la beauté disposent de 41% de parts de marché, contre 24% pour les pure players généralistes.
« Le secteur de la beauté en ligne est désormais un incontournable pour les consommateurs. La frontière entre les canaux digitaux et les magasins physiques est de plus en plus fine. On découvre un produit ou une routine en ligne, on va le tester en magasin et on l’achète en ligne et inversement ! Les Fabricants et les distributeurs doivent comprendre ces dynamiques et utiliser les leviers online et offline pour réussir », commente Claire Marty, VP Beauty Vertical chez Nielsen IQ.
Promotions et formats XXL
La tendance à la déconsommation est confirmée par un sondage réalisé par OpinionWay pour Blissim, spécialiste de la vente en ligne de produits de beauté de prestige. Près des deux tiers des femmes interrogées (63%) indiquent consacrer entre 11 et 50 euros par mois à leurs produits d’hygiène et de beauté, tandis que plus d’un quart du panel (27%) ne dépense pas plus de 10 euros. Un budget qui a diminué pour 28% des sondées, quand il est resté inchangé pour 43% d’entre elles.
Plus d’une Française sur deux (56%) confie toutefois avoir diminué le nombre d’achats de produits d’hygiène et de beauté au cours des douze derniers mois, dont 24% pour les produits de bain et douche, 58% pour les parfums et 66% pour les produits de maquillage. Au-delà du budget ou de la fréquence d’achat, les femmes ont adopté de nouveaux comportements pour faire des économies sur ce poste de dépenses. Le prix est désormais au centre de toutes les préoccupations : près de neuf répondantes sur dix (86%) affirment désormais y prêter une attention particulière, tout comme aux promotions, quand 61% déclarent se tourner vers les grands formats, souvent considérés comme plus économiques.
Mais l’inflation modifie également les usages au quotidien, puisque plus d’une sondée sur deux (56%) tente de réduire la quantité de produit à chaque utilisation. Autre astuce adoptée par les Françaises : la recherche de prix bas. Plus de la moitié des femmes interrogées (53%) affirment se tourner vers des produits, ou des gammes de produits, similaires à ceux habituellement utilisés -mais proposés à des prix moins onéreux. Notons que les produits rechargeables sont plébiscités par 46% des sondées, tandis que 43% ont tout simplement changé de marque(s), et 40% se sont davantage tournées vers les échantillons de produits.
Noël pour faire le plein à petits prix
Si le prix s’est révélé être le principal critère d’achat à la rentrée (16%) pour les produits d’hygiène et de beauté, devant le caractère green de la formulation et de la fabrication (15%), les Françaises n’entendent pas renoncer totalement à ces incontournables de la salle de bain. Et ce, notamment à l’occasion des fêtes de fin d’année. Les trois quarts des sondées prévoient de glisser ce type de produits sous le sapin à Noël, que ce soit pour elles-mêmes ou les autres. Et les coffrets cadeaux, à la fois ludiques et économiques, seront tout particulièrement privilégiés (72%), que ce soit sur le thème de la beauté (80%) ou qu’il s’agisse de coffrets alimentaires (42%).