Après le choc de la pandémie, puis celui de la désorganisation des chaines d’approvisionnement, l’industrie européenne doit maintenant faire face à une montée en flèche des prix de l’énergie et à des menaces de rupture. La situation inquiète au plus haut point la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) qui alerte sur les conséquences possibles de la flambée des factures - bien plus marquée en Europe que dans le reste de monde - sur ce tissu industriel encore solide en France.
Découplage des prix du gaz et de l’électricité
« Les entreprises cosmétiques sont des entreprises industrielles qui fabriquent en France », rappelle Emmanuel Guichard, délégué́ général de la FEBEA. « Afin de préserver les capacités de production et l’emploi, il est indispensable que le gouvernement puisse aboutir, dans les négociations européennes, à un découplage du prix du gaz et de l’électricité et d’instaurer un prix plafond sur le gaz utilisé pour la production d’électricité ».
L’organisation du marché de l’énergie en Europe est sous le feu des critiques depuis que l’invasion de l’Ukraine a conduit à un quasi arrêt des achats de gaz russe suivi d’une hausse considérable du prix de l’électricité.
Ce dernier est en effet fixé sur le prix de revient de la dernière source de production mobilisée pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité. Et ce sont généralement les centrales au gaz qui sont utilisées lorsque la demande est forte. Mais à l’heure de la flambée du prix du gaz, cette corrélation a également entrainé une hausse vertigineuse du prix de l’électricité, dont les coûts de production n’ont pourtant augmenté que marginalement (dans le cas où on utilise du gaz, justement). Le prix du mégawattheure dépassait ainsi les 900 euros en septembre, flirtant même avec les 1000 euros, contre moins de 100 euros en 2021 dans la plupart des pays de l’Union européenne.
Si la position de l’Allemagne et des États du nord de l’Europe, initialement opposés à toute réforme, a évolué, les discussions au sein de l’Union européenne pourraient toutefois prendre du temps.
Sobriété énergétique
En parallèle, la FEBEA a interrogé ses adhérents afin de mesurer leur engagement en matière de sobriété énergétique. Selon la Fédération, cette consultation confirme que les entreprises du secteur cosmétique ont, de longue date, entrepris des efforts pour rendre leur consommation d’énergie plus responsable et durable : ainsi, 96% des entreprises répondantes ont déjà mis en place des mesures de sobriété énergétique et un tiers confirment avoir réduit leur consommation énergétique depuis ces dix dernières années.
Pour aller plus loin dans cette démarche, les entreprises cosmétiques ont prévu d’investir dans les énergies renouvelables (43%) avec pour priorités, en fonction de leur besoin, de leur situation et de leur taille : l’installation de parcs photovoltaïques, le développement de projets de géothermie et de chaudières biomasse. Par ailleurs, 70 % des entreprises déclarent vouloir investir pour réduire leur consommation énergétique.
Pour accompagner l’ensemble du secteur dans cette démarche, la FEBEA a annoncé la signature de la charte Ecowatt. Elle s’engage ainsi à relayer auprès de ses adhérents les messages d’alerte sur les pics de consommation, et à promouvoir les mesures de réduction de la consommation énergétique correspondants. Des mesures de formations bénéficieront également aux salariés du secteur et une campagne d’information sera lancée auprès des consommateurs.
Le défi de l’approvisionnement énergétique apparaît de plus en plus - pour les Européens - comme celui d’une transition à marche forcée vers la décarbonation. Une évolution souhaitable pour le climat, mais qui nécessitera des accompagnement importants, pour les ménages comme pour les entreprises. À suivre.