Composter des emballages plastiques à domicile relève souvent du chemin de croix, au point que cette solution s’avère peu efficace. C’est, en tout cas, la conclusion d’une enquête réalisée par l’University College de Londres, publiée dans la revue Frontiers in Sustainability [1].
« Les plastiques compostables et biodégradables sont de plus en plus populaires, mais leurs caractéristiques environnementales doivent être évaluées de manière plus approfondie afin de déterminer comment ils peuvent faire partie de la solution à la crise des déchets plastiques », arguent les chercheurs, qui sont partis de ce postulat pour réaliser leur étude.
Mauvais décryptage des étiquettes
Basée sur une méthode de science citoyenne, cette recherche avait pour objectif de sonder les consommateurs afin d’en savoir plus sur leurs habitudes d’achat vis-à-vis des produits plastiques dits "biodégradables" et "compostables à domicile", leurs connaissances sur la façon de les recycler correctement, ainsi que l’efficacité réelle de ces emballages.
L’enquête a été réalisée sur une période de deux ans auprès de 9.700 personnes à travers le Royaume-Uni. À la question « êtes-vous plus susceptible d’acheter des produits dont l’emballage porte la mention ‘compostable’ ou ‘biodégradable’ ? », 85% ont répondu « oui ».
Parmi les participants, 1648 se sont engagés activement dans une expérience de compostage à domicile (mais seuls 902 sont allés jusqu’au bout). L’expérience en question consistait à examiner le contenu du compost après y avoir déposé les emballages (gobelets, pots, couverts, emballage de journaux), dans le but d’y déceler des traces de plastique. Si 90% du carbone contenu dans les matériaux testés avaient disparu dans les six mois, ils étaient considérés comme compostables.
Les résultats montrent que, dans l’ensemble, le décryptage des étiquettes indiquant les mentions "compostables "et "biodégradables" reste difficile.
« Malgré tous nos efforts pour guider les participants à ne composter que des articles marqués clairement comme ‘compostables à domicile’, de nombreux articles marqués comme industriellement compostables ou tout simplement biodégradables ont été introduits », constant les chercheurs.
Conditions de laboratoire difficiles à reproduire
L’étude suggère également que les tests en laboratoire pour ces matériaux ne fonctionnent pas, ce qui constitue un problème plus large pour le secteur des plastiques, et remet en question le fait que ces normes de produits protègent réellement l’environnement.
« La diversité des communautés microbiennes, les voies catalytiques de la transformation des nutriments, les différences chimiques des matériaux ne peuvent pas être entièrement contrôlées et reproduites in vitro et, par conséquent, les normes de compostage à domestique risquent de ne pas être fiables », notent les auteurs de travaux. Avant de conclure : « le compostage domestique n’est pas une méthode de traitement des déchets efficace ou écologiquement bénéfique pour les emballages biodégradables ou compostables au Royaume-Uni. La seule solution est d’utiliser moins de plastique ».