Les transformateurs de plastique en France, qui représentent plus de 3.000 usines et 130.000 salariés, sont "dans le brouillard" pour leur activité en 2025, subissant un "ralentissement significatif" du secteur de l’emballage et de nombreuses incertitudes sur le recyclage.

Pour le premier semestre 2025, "l’ensemble de notre industrie est dans le brouillard" sur son niveau d’activité, a déclaré mercredi Xavier Chastel, directeur général de Polyvia, l’Union des transformateurs de polymères, principale organisation professionnelle de la plasturgie en France, lors d’une conférence de presse, le 15 janvier à Paris.

Forte baisse d’activité au second semestre 2024

"Le secteur de l’emballage a vu son activité significativement et soudainement baisser au deuxième semestre, c’est un mauvais signe (...) les carnets de commande se dégradent" a-t-il ajouté.

Quelques secteurs d’activité, comme l’aéronautique, la sécurité ou la défense, ont certes été porteurs en 2024, ou ont connu une activité étale, comme la grande consommation, les pièces industrielles, la chimie ou le ferroviaire. Mais plusieurs ont connu d’importantes difficultés tout au long de l’année 2024, comme le bâtiment, l’automobile, le nautisme ou l’agriculture. Le ralentissement du second semestre a surtout été spectaculaire et soudain poue l’emballage industriel, et plus récemment pour l’emballage, la cosmétique et l’agroalimentaire.

Aucun plan de suppressions d’emplois n’a été annoncé en 2024, "hormis Herige Industries", a souligné M. Chastel, "mais on sait qu’il va y avoir des ajustements au premier semestre, notamment dans l’automobile".

Le spécialiste de menuiseries industrielles (portes, fenêtres…) Herige Industries a annoncé début décembre qu’il pourrait réduire de près de 10% son effectif total.

Transition environnementale complexe

Autre objet d’inquiétude, la transition en cours vers l’objectif de "réduction, réutilisation et recyclage" des matières plastiques, afin de diminuer l’empreinte écologique du matériau qui, devenu déchet, envahit rivières et océans.

"Il n’y a aucun secteur où l’on ne peut pas réduire l’utilisation de matière" a déclaré Pierre-Jean Leduc, dirigeant du groupe Demgy, et nouveau président de Polyvia, mais il a rejeté sur le consommateur la responsabilité de lutter contre le suremballage et le plastique à usage unique.

Dans le domaine du recyclage, la filière s’inquiète de faire les frais d’un projet gouvernemental en cours de discussion avec les 23 filières REP (dites à responsabilité élargie des producteurs), les organismes qui organisent en France la collecte, le tri et le recyclage des déchets.

La ministre Agnès Pannier Runacher "veut favoriser l’incorporation de matières plastiques recyclées" dans les objets plastique, via une prime accordée aux metteurs sur le marché.

"Cette mesure pourrait mettre en danger les plasturgistes car c’est eux qui achètent la matière première plastique pour la transformer, alors que c’est le metteur sur le marché (fabricant de jouets, de shampoing ou de tout autre objet à base de plastique) qui touchera la prime" explique-t-on chez Polyvia.

En matière de réemploi, la filière dénonce "l’absence complète de standardisation et de normes" : "Combien de fois une bouteille doit elle être réemployable, combien de fois peut-elle être lavée et réutilisée ?".