L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a annoncé mercredi 30 octobre avoir identifié des substances chimiques interdites dans une part non négligeable des produits cosmétiques vendus en Europe.

Sur les 4.500 produits examinés entre novembre 2023 et avril 2024 dans 13 pays européens, 285 - soit 6% - contenaient ces substances bannies en raison de leur effet nocif pour la santé ou l’environnement, a indiqué l’institution basée à Helsinki en Finlande.

Les substances en cause sont : le Perfluorononyl diméthicone ; le Perfluorooctylethyl triéthoxysilane ; Perfluorononylethyl carboxydecyl PEG-10 diméthicone ; and Cyclopentasiloxane (D5), cyclomethicone (un mélange de D4, D5 et D6), cyclotetrasiloxane (D4).

Les molécules concernées ont été repérées dans des produits « provenant de différents revendeurs et dans toutes les gammes de prix ». Parmi les produits en question figuraient des eye-liners, des crayons à lèvres, des après-shampooings et des masques capillaires, selon l’ECHA.

L’agence explique que les substances en question sont interdites par la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POPs) ainsi que par la législation européenne sur les substances chimiques (REACH).

Le perfluorononyl diméthicone, par exemple, se dégrade en PFOA et en acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne. Le PFOA et les siloxanes, D4 et D5, se décomposent lentement dans l’environnement et s’accumulent chez les humains et d’autres espèces. Le PFOA est également toxique pour la reproduction et est soupçonné d’être cancérogène. Le D4 est également soupçonné de nuire à la fertilité.

On notera que plusieurs des substances en cause (comme le D5 et le D6) n’étaient pas totalement interdites dans les cosmétiques au moment des contrôles et que leur utilisation peut rester autorisée à très faible concentration dans certains produits ou à titre transitoire (lire ici : UE : Nouvelles restrictions pour les silicones D5 et D6 dans les cosmétiques).

L’ECHA ne précise pas dans quelle mesure les non-conformités détectées relèvent de produits encore présents sur le marché alors qu’ils auraient dû être retirés, ou de produits récemment formulés sans tenir compte des adaptations réglementaires.

Le rapport complet souligne toutefois que « la définition de la mise sur le marché diffère selon les réglementations (POP/REACH et Cosmétiques) ».

Liste des ingrédients

Cette étude signale donc surtout l’état d’utilisation par l’industrie des substances préoccupantes réglementées par l’ECHA, ainsi que la nécessité pour les autorités de contrôle de disposer de bases de données adaptées.

Pour détecter les substances concernées, l’agence a simplement contrôlé la liste des ingrédients figurant sur les produits ou le site internet du distributeur. Cette méthode "peut facilement être utilisée par les consommateurs", a noté l’agence.

À l’issue des inspections, "les autorités compétentes ont pris des mesures pour retirer les produits non conformes du marché", a précisé l’ECHA.

Les contrôles ont été effectués en Autriche, au Danemark, en Allemagne, en Finlande, en Islande, en Italie, au Liechtenstein, en Lituanie, au Luxembourg, à Malte, en Norvège, en Roumanie et en Suède.