L’Occitane prépare actuellement la mise en place d’un système de mesure et de réduction de l’impact environnemental de ses produits et participe à la phase d’expérimentation de l’affichage environnemental. Explications par Philippe de Brugière, Directeur RSE, Prospective Packaging et Développement Production Internationale.
Premium Beauty News - L’environ-nement n’est pas à proprement parlé une préoccupation nouvelle pour L’Occitane !
Philippe de Brugière - Non, pas du tout ! ça fait partie de son « patrimoine génétique ». Car, dès le début de sa création en 1976, L’Occitane sous l’impulsion de son créateur, Olivier Baussan, très soucieux de l’avenir de la planète, avait décidé de n’utiliser que des matériaux recyclables.
En 2007, une nouvelle impulsion a été donnée à cette démarche avec la volonté de créer d’organiser une véritable démarche d’éco-conception, animée par le Développement Packaging mais pas limitée à ce sujet, puisqu’elle comprend aussi les ingrédients et les formules.
Ainsi, en ce qui concerne les emballages imprimés, nous privilégions des packs simples et éco-conçus, à base de carton FSC (Forest Stewardship Council). Nous favorisons l’utilisation d’encres à l’eau et nous privilégions les fournisseurs répondant au label Imprim’ Vert. Nous avons décidé d’utiliser le moins possible certaines techniques de parachèvement comme la métallisation sous vide ou le marquage à chaud et de concevoir des conditionnements séparables (pompes et bouchons dévissables) pour faciliter le tri en fin de vie.
Tout ceci a débouché sur un « Manuel des lignes directrices de l’éco-conception » qui décline de manière très méthodique les différentes matières et les composants.
En fait, il y a trois niveaux de décision : un premier niveau de décisions concrètes et applicables systématiquement, un second niveau de décisions actées mais non applicables sur tous les process et tous les matériaux (exemple, le laquage hydrosoluble), enfin un troisième niveau sur des options qui ne sont pas encore validées sur le plan industriel et dont le process n’est pas totalement chiffré mais qu’on s’engage à développer.
Logiquement, ceci a abouti à la réalisation et à la mise en place en interne d’une grille d’éco-conception qualitative pour chaque produit avec une quarantaine de critères qui représentent toutes les questions qu’il faut se poser sur le packaging dans le cadre d’un nouveau développement éco-conçu.
Nous avons parallèlement lancé une démarche de mesure d’impact environnemental sur tous nos produits actuels par la méthode de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), le tout animé par un ingénieur spécialisé dans ce domaine qui a pris ses fonctions en 2009. C’est d’ailleurs sur cette méthode que nous allons bâtir l’information environnementale sur nos produits aux consommateurs, une information multicritère, pas seulement ciblée sur les émissions de C02. L’éco-conception est aussi un principe d’amélioration continue.
Premium Beauty News - Concrètement, cela a débouché sur quoi ?
Philippe de Brugière - Cette année encore nous avons mené plusieurs actions pour améliorer notre démarche de développement durable en développant des éco-recharges, des flacons réutilisables, des flacons recyclés, en changeant les capsules encliquetées par des capsules dévissables pour faciliter le tri.
Notre démarche de mesure de l’impact environnemental vise à poser toutes les bonnes questions en matière d’éco-conception (recyclabilité, choix matière, impact sur l’environnement…) lors des lancements de projets : en allégeant nos sachets d’échantillons, en intégrant le code de déontologie au cahier des charges des fournisseurs qui a été signé par 100% de nos sous-traitants et plus de 96% de nos fournisseurs, en fournissant aux consommateurs une bonne information sur la façon de trier nos emballages.
Nous avons décidé d’utiliser de nouveaux matériaux tels que le PET recyclé (plastique 100% recyclé) pour certains de nos prochains lancements. Dans la nouvelle gamme Verdon lancée en 2010, les flacons en plastique et en verre sont « 100% post-consumer recycled », c’est-à-dire issues du recyclage des consommateurs dans la poursuite de la concrétisation du concept « cradle to cradle ». Nous avons développé plus d’éco-recharges. Et nous voulons apporter la garantie d’un sourcing éthiquement irréprochable en Asie (sur certains de nos composants ou nos accessoires, par exemple).
Premium Beauty News - Vous disposez d’un logiciel d’ACV pour faire le bilan des packagings !
Philippe de Brugière - C’est exact. Et, croyez-moi, c’est un chemin parsemé de surprises. Je vous donne un exemple : pour faire 1 kg de verre, on rejette 0,84 kg de CO2. Pour faire 1 kg de PET, on arrive à 2 kg de CO2. A priori, le verre est gagnant.
Et bien, dans le cas d’un flacon de 250 ml en verre comparé au même flacon en PET, c’est l’inverse. Le PET est gagnant ! Car un flacon en verre de 250 ml pèse environ 200 grammes. Le même en PET, 30 grammes seulement. Faites le calcul, que le verre est presque 3 fois impactant en CO2.
Mais attention, le verre est recyclable à l’infini, pas le PET…
Premium Beauty News - Quels objectifs vous êtes-vous fixé ?
Philippe de Brugière - Ils sont ambitieux ! Zéro déchets enfouis, le moins possible de consommation en énergie, en eau et en matériaux non renouvelables et maximisation du tri et du recyclage. Nous vouons aussi faciliter la réutilisation des emballages par les consommateurs.
Nous allons jusqu’au consommateur final. Il faut qu’on l’aide à améliorer son tri et qu’il jette le moins possible. Cela ne sert à rien d’acheter des matières dites « vertueuses » et de ne pas se préoccuper de ce que va faire le consommateur final du produit qu’on lui a vendu.
Premium Beauty News - Votre programme interne de formation à l’éco-conception a eu un gros succès !
Philippe de Brugière - Nous nous en doutions, mais cela a dépassé nos prévisions ! Toutes les personnes étaient volontaires. On a eu une véritable explosion des demandes en interne à la suite de cette formation pour réaliser des mesures d’impact.
Car aujourd’hui, dans le process de développement et de validation de nouveaux produits, l’examen se veut intègre et honnête. Et il arrive qu’une gamme entière de produits soient refoulée par la Direction Générale si ceux-ci ne passent pas avec succès les critères environnementaux.